Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/60

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vain la part qu’ils avaient prise à la délivrance du sénateur Clément de Ris[1], ce souvenir ne les protégea pas. Ils furent envoyés en détention. On en usa de même avec d’Andigné et Suzannet. Le fort de Joux leur fut assigné pour prison. Comme Bourmont, ils s’évadèrent, et après eux Moulin, un des principaux officiers de Frotté. D’Oilliamson fut l’objet de la clémence de Bonaparte. Joséphine et Grouchy s’entremirent pour lui et le firent remettre en liberté.

Ces arrestations avaient été opérées avant que la police eût pu s’emparer des auteurs de l’attentat du 3 nivôse. Mais lorsqu’elle les tint en son pouvoir et les eut interrogés, beaucoup d’autres personnes furent arrêtées, et, dans le nombre, plusieurs femmes prévenues d’avoir reçu les conjurés ou d’avoir facilité leurs rapports et l’exécution de leurs desseins : Mme  de Goyon, la marquise de Vaubadon, Mme  de Cheverny, Mlle  de Banville.

Ces mesures prises et les principaux coupables exécutés, on songea à Georges. Il fallait en finir avec lui. Des camps volants furent organisés dans le Morbihan. Le général Simon, qui les commandait, avait ordre de poursuivre sans relâche le chef breton, de le prendre mort ou vif. On s’empara de plusieurs de ses complices, et notamment des assassins de l’évêque Audrein. Mercier la Vendée périt en se défendant, le 19 janvier 1801, au moment de tomber aux mains des gendarmes. Julien Cadoudal, le frère de Georges, fait prisonnier, fut massacré par son escorte que menaçait une bande de chouans, embusquée sur la route pour le délivrer. Impuissants à le sauver, les chouans allèrent fusiller un vieux paysan, Pierre Le Moigne, qu’ils accusaient de l’avoir trahi.

  1. Voir, plus loin, le récit de cette affaire.