moi-même je subissais l’influence générale et je ne lui parlais qu’avec des ménagements.
Pendant quelque temps, nous vécûmes en assez bons termes.
M. le marquis avait bien par-ci par-là certaines façons impertinentes de me regarder ou de me répondre qui rappelaient par trop l’Ancien Régime, mais j’affectais de n’y point prendre garde, sentant que j’avais affaire à forte partie.
Un jour cependant, ce faquin de marquis se permit de répliquer, en pleine étude, avec une insolence telle que je perdis toute patience.
— Monsieur de Boucoyran, lui dis-je en essayant de garder mon sang-froid, prenez vos livres et sortez sur-le-champ.
C’était un acte d’autorité inouï pour ce drôle. Il en resta stupéfait et me regarda, sans bouger de sa place, avec des gros yeux.
Je compris que je m’engageais dans une méchante affaire, mais j’étais trop avancé pour reculer.
— Sortez, monsieur de Boucoyran ! commandai-je de nouveau.
Les élèves attendaient, anxieux… Pour la première fois, j’avais du silence.
À ma seconde injonction, le marquis, revenu de sa surprise, me répondit, il fallait voir de quel air : — « Je ne sortirai pas ! »
Il y eut parmi toute l’étude, un murmure d’admiration. Je me levai dans ma chaire, indigné.
— Vous ne sortirez pas, monsieur ?… C’est ce que nous allons voir !