rais m’enfermer au café Barbette et n’en sortais qu’au dernier moment. C’était là maintenant que Roger me donnait ses leçons ; la rigueur du temps nous avait chassés de la salle d’armes et nous nous escrimions au milieu du café avec les queues de billard, en buvant un punch. Les sous-officiers jugeaient les coups ; tous ces nobles cœurs m’avaient décidément admis dans leur intimité et m’enseignaient chaque jour une nouvelle botte infaillible pour tuer ce pauvre marquis de Boucoyran. Ils m’apprenaient aussi comment on édulcore une absinthe, et quand ces messieurs jouaient au billard, c’était moi qui marquais les points…
Un mauvais hiver pour le petit Chose !
Un matin de ce triste hiver, comme j’entrais au café Barbette — j’entends encore le fracas du billard et le ronflement du gros poêle en faïence, — Roger vint à moi précipitamment : « Deux mots, monsieur Daniel ! » et m’emmena dans la salle du fond, d’un air tout à fait mystérieux.
Il s’agissait d’une confidence amoureuse… Vous pensez si j’étais fier de recevoir les confidences d’un homme de cette taille. Cela me grandissait toujours un peu.
Voici l’histoire. Ce sacripant de maître d’armes avait rencontré par la ville, en un certain endroit qu’il ne pouvait pas nommer, certaine personne dont il s’était follement épris. Cette personne occupait à Sarlande une situation tellement élevée, — hum ! hum ! vous m’entendez bien ! — tellement