Page:Daudet - Le Petit Chose, 1868.djvu/147

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Loupi en retenue dimanche ! » Ceci fait, il achève sa lettre :

« Adieu, Jacques ! J’en aurais encore long à te dire, mais je sens que je vais pleurer, et les élèves me regardent. Dis à maman que j’ai glissé du haut d’un rocher, en promenade, ou bien que je me suis noyé en patinant. Enfin, invente une histoire, mais que la pauvre femme ignore toujours la vérité !… Embrasse-la bien pour moi, cette chère mère ; embrasse aussi notre père, et tâche de leur reconstruire vite un beau foyer… Adieu ! je t’aime. Souviens-toi de Daniel. »

Cette lettre terminée, le petit Chose en commence tout de suite une autre ainsi conçue :

« Monsieur l’abbé, je vous prie de faire parvenir à mon frère Jacques la lettre que je laisse pour lui. En même temps, vous couperez de mes cheveux, et vous en ferez un petit paquet pour ma mère.

« Je vous demande pardon du mal que je vous donne. Je me suis tué parce que j’étais trop malheureux ici. Vous seul, monsieur l’abbé, vous êtes toujours montré très bon pour moi. Je vous en remercie.

« Daniel Eyssette. »

Après quoi, le petit Chose met cette lettre et celle de Jacques sous une même grande enveloppe, avec cette suscription : « La personne qui trouvera la