questions, Jacques se met à border le lit activement avec un soin de vieille fille.
C’est un lit de fer à une place, en tout pareil à celui dans lequel nous couchions tous les deux, à Lyon, rue Lanterne.
— T’en souviens-tu, Jacques, de notre petit lit de la rue Lanterne ; quand nous lisions des romans en cachette, et que M. Eyssette nous criait du fond de son lit, avec sa plus grosse voix : « Éteignez vite ou je me lève ! »
Jacques se souvient de cela, et aussi de bien d’autres choses… De souvenir en souvenir, minuit sonne à Saint-Germain qu’on ne songe pas encore à dormir.
— Allons !… bonne nuit ! me dit Jacques résolument.
Mais au bout de cinq minutes, je l’entends qui pouffe de rire sous sa couverture
— De quoi ris-tu, Jacques ?…
— Je ris de l’abbé Micou, tu sais, l’abbé Micou de la manécanterie… Te le rappelles-tu ?…
— Parbleu !…
Et nous voilà partis à rire, à rire, à bavarder, à bavarder… Cette fois, c’est moi qui suis raisonnable et qui dis :
— Il faut dormir.
Mais un moment après, je recommence de plus belle :
— Et Rouget, Jacques. Est-ce que tu t’en souviens ?…
Là-dessus, nouveaux éclats de rire et causeries à n’en plus finir…