Page:Daudet - Numa Roumestan, Charpentier, 1881.djvu/138

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rant la porte. Sans doute, il convenait que ce n’était pas très juste. Ce vieux Dansaert rendait de grands services. Seulement, que faire ? Il avait donné sa parole.

— Reprends-la, dit Rosalie… voyons, Numa… pour moi… je t’en prie.

C’était un tendre commandement, appuyé par la pression d’une petite main sur son épaule. Il se sentit ému. Depuis longtemps, sa femme semblait désintéressée de sa vie, avec une muette indulgence quand il lui confiait ses projets toujours changeants. Cette prière le flattait.

— Est-ce qu’on peut vous résister, ma chère ?

Et le baiser qu’il lui mit au bout des doigts remonta en frémissant jusque sous l’étroite bras… Il souffrait cependant de cette obligation de dire en face à quelqu’un une chose désagréable, et se leva avec effort.

— Je suis là !… j’écoute… dit-elle, en le menaçant d’un gentil geste.

Il passa dans le petit salon voisin, laissant la porte entr’ouverte pour se donner du courage et qu’elle pût l’entendre. Oh ! le début fut net, énergique.

— Je suis au désespoir, mon cher Béchut…

Ce que je voulais faire pour vous n’est pas possible…

Des réponses du savant, on ne saisissait que l’intonation pleurarde, coupée des bruyantes aspirations de son groin de tapir. Mais, au grand étonnement de Rosalie, Roumestan ne céda pas et