Roumestan, le Vendéen du Midi, pilier de l’autel et du trône.
Pour cette ligne où Roumestan est inscrit, les Mèfre jetteraient au feu le livre entier. C’est lui qui représente le mieux leurs idées en religion, en politique, en tout. Comme dit madame Mèfre, encore plus passionnée que son mari :
« Cet homme-là, voyez-vous, on damnerait son âme pour lui. »
L’on aime à se rappeler le temps où Numa, déjà sur la route de la gloire, ne dédaignait pas de venir faire lui-même sa provision. Et qu’il s’y entendait à choisir une pastèque à la tâte, un saucisson bien suant sous le couteau ! Puis, tant de bonté, cette belle figure imposante, toujours un compliment pour madame, une bonne parole au « cher frère », une caresse aux petits Mèfre qui l’accompagnaient jusqu’à la voiture, portant les paquets. Depuis son élévation au ministère, depuis que ces scélérats de rouges lui donnaient tellement d’occupation dans les deux Chambres, on ne le voyait plus, pécaïré ! mais il restait le fidèle abonné des produits ; et c’était lui toujours le premier pourvu.
Un jeudi soir, vers les dix heures, tous les pots de brandade parés, ficelés, en bel ordre sur la banque, la famille Mèfre, les garçons, le vieux Valmajour, tous les produits du Midi au grand complet, suant, soufflant, se reposaient de cet air étalé des gens qui ont bien rempli une rude tâche et « faisaient trempette » avec des langues de chat, des biscottes dans du vin cuit, du sirop d’orgeat, « quelque chose de doux, allons ! » car pour le fort, les méridionaux