Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Directeurs, les Grands de première et de deuxième classe, le capitaine Scrapouchinat et son état-major, tandis qu’en haut, sur le pont, les passagers, fiévreux d’impatience et de curiosité, ne percevaient que le bourdonnement soutenu de la basse-taille du pharmacien et les violentes interruptions de son auditoire.

D’abord, sitôt l’embarquement, la Farandole à peine sortie du port de Marseille, Bompard, gouverneur provisoire et chef de l’expédition, brusquement pris d’un mal étrange, de forme contagieuse, disait-il, s’était fait descendre à terre, passant ses pouvoirs à Bézuquet… Heureux Bompard !… On eût dit qu’il devinait tout ce qui les attendait là-bas.

À Suez, trouvé le Lucifer en trop mauvais état pour continuer sa route et transbordé sa cargaison sur la Farandole déjà bondée.

Ce qu’ils avaient souffert de la chaleur, sur ce damné navire ! Restait-on dehors, on fondait au soleil ; si l’on descendait, on étouffait, serrés les uns contre les autres.

Aussi, en arrivant à Port-Tarascon, malgré la déception de ne rien trouver du tout,