Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Un Te Deum à la cathédrale ! Quelle cathédrale ?

— Tout s’expliquera… Continuez, Ferdinand…, dit Tartarin.

— Je continue…, » répondit Bézuquet.

Et son récit devint de plus en plus lugubre.

Les colons s’étaient mis courageusement à l’œuvre. Possédant des instruments aratoires, ils commencèrent à défricher ; seulement le terrain était exécrable, rien ne poussait. Puis vinrent les pluies…

Un cri de l’auditoire interrompit de nouveau l’orateur :

« Il pleut donc ?

— S’il pleut !… Plus qu’à Lyon…, plus qu’en Suisse…, dix mois de l’année. »

Ce fut une consternation. Tous les regards se tournèrent vers les hublots, à travers lesquels on distinguait des brumes épaisses, des nuées immobiles sur le vert noir, le vert rhumatisme de la côte.

« Continuez, Ferdinand, » dit Tartarin.

Et Bézuquet continua.

Avec les pluies perpétuelles, les eaux stagnantes, les fièvres, la malaria, le cimetière fut bien vite inauguré. Aux maladies s’ajoutaient l’ennui, la languison. Les plus