Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/233

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Aussitôt Tartarin donna l’ordre de chercher partout son royal beau-père et de l’amener.

En attendant, il proposa à l’officier anglais de venir jusqu’au Gouvernement, où il lui communiquerait les pièces.

L’officier accepta et suivit, laissant à la garde des chaloupes ses soldats de marine rangés l’arme au pied, la baïonnette au canon. Et quelles baïonnettes ! D’un luisant, d’un tranchant, à donner la chair de poule.

« Du calme ! Mes enfants, du calme ! » murmurait Tartarin sur son passage.

Recommandation bien inutile, excepté pour le Père Bataillet, qui continuait d’écumer. Mais on avait l’œil sur lui. « Si vous ne vous tenez pas, mon Révérend, je vous attache » lui disait Excourbaniès, fou de terreur.

Pendant ce temps où cherchait Négonko, on l’appelait de tous les côtés, vainement. Un milicien finit par le découvrir au fond du magasin, ronflant entre deux barriques, ivre d’ail, d’huile de lampe et d’alcool à brûler, dont il avait absorbé presque toute la réserve.

On l’amena dans cet état, empesté et