Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/277

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prisonnier de guerre, de procès devant les tribunaux anglais ; on devait le relâcher dès qu’on arriverait à Gibraltar.

Quant au farouche commodore, enchanté d’avoir trouvé un partenaire de la force de Pascalon, il le tenait le soir, pendant des heures, devant l’échiquier, ce qui désespérait l’infortuné soupirant de Clorinde et l’empêchait d’aller lui porter, à l’avant, des friandises de son dîner. Car les pauvres Tarasconnais, eux, continuaient à mener leur triste vie d’émigrants, toujours parqués dans leur chiourme, et c’était la tristesse, le remords de Tartarin, lorsqu’il pérorait sur la dunette ou fusait sa cour, à l’heure mélancolique du couchant, de voir au loin, en contre-bas, ses compatriotes