Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/292

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chose de mystérieux, ce feu, jetant un reflet rougeâtre sur le Rhône, dans le grand silence de la nuit traversé par le vol mou des orfraies. Qu’est-ce que cela peut être ? Un signal ?

Est-ce que quelqu’un, quelque admirateur de notre grand Tartarin, voudrait le faire évader ?… C’est si extraordinaire, cette flamme allumée tout en haut d’une tour en ruines et juste en face de sa prison !


18 juillet. — En revenant aujourd’hui de l’instruction, comme la voiture cellulaire passait devant Sainte-Marthe, entendu la voix, toujours impérieuse de la marquise des Espazettes qui criait avec l’accent d’ici : « Cloréïnde !… Cloréïnde ! » et une voix douce, angélique, la voix de ma bien-aimée, qui répondait « Mamain ! »

Sans doute elle allait à l’église prier pour moi, pour l’issue du procès.

Rentré dans ma prison, très ému… Écrit quelques vers provençaux sur l’heureux présage de cette rencontre.

Le soir, à la même heure, toujours le même feu sur la tour de Beaucaire. Il brille