Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/334

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pour y fonder une nouvelle communauté de Pères-Blancs. Ici le couvent de Pampérigouste s’est rouvert un tout petit peu, le Révérend Père Vézole (Dieu soit loué !) y est rentré avec quelques autres révérends, et les cloches ont recommencé de sonner tout doucement, une par une ; nous n’en sommes pas encore au plein carillon, mais on le devine tout proche.

Qui se douterait que tant d’événements se sont passés ! Comme tout cela est déjà loin, et que la race tarasconnaise est facilement oublieuse ! Il n’y a qu’à voir nos chasseurs, le marquis des Espazettes en tête, partir tout flambants neufs le dimanche matin, avec la même ardeur, à l’espère d’un gibier qui n’existe pas.

Moi, le dimanche, après déjeuner, je vais rendre mes devoirs à Tartarin. Voilà bien, en haut du cours, la maison aux persiennes vertes, les boîtes des petits décrotteurs devant la grille ; mais tout est fermé, tout est silencieux, je pousse la porte… je trouve le héros dans son jardin, tournant, les mains derrière le dos, autour du bassin aux poissons rouges, ou dans son cabinet au milieu des kriss et des flèches empoisonnées. Il ne