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Deux jours après, le Forum et le Galoubet, les deux organes de Tarascon, étaient pleins d’articles ci de réclames sur une colossale affaire. Le titre portait en grosses lettres : « Colonie libre de Port-Tarascon. » Et des annonces stupéfiantes : « À vendre, terres à 5 francs l’hectare donnant un rendement de plusieurs mille francs par an… Fortune rapide et assurée… On demande des colons. »

Puis venait l’historique de l’île où devait s’établir la colonie projetée, île achetée au roi Négonko par le duc de Mons dans le cours de ses voyages, entourée d’ailleurs d’autres territoires qu’on pourrait acquérir plus tard pour agrandir les établissements.

Un climat paradisiaque, une température océanienne, très modérée malgré sa proximité de l’équateur, ne variant que de deux à trois degrés, entre 25 et 28 ; pays très fertile, boisé à miracle et merveilleusement arrosé, s’élevant rapidement à partir de la mer, ce qui permettait à chacun de choisir la hauteur convenant le mieux à son tempérament. Enfin les vivres abondaient, fruits délicieux à tous les arbres, gibiers variés dans les bois et les plaines, innombrables poissons