Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les eaux. Au point de vue commerce et navigation, une rade splendide pouvant contenir toute une flotte, un port de sûreté fermé par des jetées, avec arrière-port, bassin de radoub, quais, débarcadères, phare, sémaphore, grues à vapeur, rien ne manquerait.

Les travaux étaient déjà commencés par des ouvriers chinois et canaques, sous la direction et sur les plans des plus habiles ingénieurs, des architectes les plus distingués. Les colons trouveraient en arrivant des installations confortables, et même, par d’ingénieuses combinaisons, avec 50 francs de plus, les maisons seraient aménagées selon les besoins de chacun.

Vous pensez si les imaginations tarasconnaises se mirent à travailler à la lecture de ces merveilles. Dans toutes les familles on faisait des plans. L’un rêvait des persiennes vertes, l’autre un joli perron ; celui-ci voulait de la brique, celui-là du moellon. On dessinait, on coloriait, on ajoutait un détail à un autre ; un pigeonnier serait gracieux, une girouette ne ferait pas mal.

« Oh ! Papa, une véranda !

– Va pour la véranda, mes enfants ! »

Pour ce qu’il en coûtait !…