Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/68

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ils laissaient à l’avant-garde le temps d’envoyer des nouvelles de son arrivée là-bas, afin qu’on sût à quoi s’en tenir.

Tartarin, lui non plus, en sa qualité de gouverneur, d’organisateur, de dépositaire de la pensée du duc de Mons, ne pouvait quitter la France qu’avec le dernier convoi. Mais en attendant ce jour impatiemment désiré, il déployait cette énergie, ce feu au corps que l’on a pu admirer dans toutes ses entreprises.

Sans cesse en route entre Tarascon et Marseille, insaisissable comme un météore qu’emporte une invisible force, il n’apparaissait, ici ou là, que pour repartir aussitôt.

« Vous vous fatiguez trop, Maî…aî… tre !… » bégayait Pascalon, les soirs où le grand homme arrivait à la pharmacie, le front fumant, le dos arrondi.

Mais Tartarin se redressait : « Je me reposerai là-bas. À l’œuvre, Pascalon, à l’œuvre ! »

L’élève chargé de la garde de la pharmacie depuis le départ de Bézuquet, cumulait avec cette responsabilité de bien plus importantes fonctions.

Pour continuer la propagande si bien