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Page:Daudet - Révélation d'un grand romancier, paru dans L'Action française, 07-04-1926.djvu/7

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chez ceux-ci, développée chez ceux-là, et qui, en fin de compte, chez les héros, les martyrs et les saints, informe et commande à la fois la vie organique et la vie intellectuelle. L’immense majorité des romanciers décrit et peint la vie organique, avec plus ou moins d’intensité et d’amplitude. Un petit nombre de romanciers ajoute, aux peintures de la vie organique, quelques traits, saisissants et bien choisis, de la vie intellectuelle. Même remarque quant aux auteurs dramatiques, j’entends quant à ceux qui comptent. Avec cette différence qu’au théâtre ce qui est de l’ordre intellectuel ne porte guère ou, comme disait le bon Porel, « ne chante pas ». Les efforts tendus d’un François de Curel, souvent peu couronnés de succès, en dépit d’un talent considérable, marquent l’extrême difficulté qu’il y a à intellectualiser une situation dramatique, à la faire sauter de la passion dans l’esprit. Un Mæterlinck s’en est tiré, comme jadis Shakespeare, par la féerie, laquelle, étant le réservoir de tous les possibles, de tous les jeux, y compris ceux de l’intelligence, prête à toutes les combinaisons symboliques.