Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
ROSE ET NINETTE

II

Une intimité venue de leurs situations pareilles, une sympathie échappant encore à l’analyse s’était nouée entre l’écrivain et sa voisine. Ce soir-là, ils l’avaient passé seuls tous deux dans le petit salon du rez-de-chaussée, l’enfant couché, Paris grondant au loin, et le silence du boulevard solitaire troublé de quelques aboiements de chiens de garde, du brusque passage d’un train dont la secousse ébranlait la maison jusque dans ses caves. Tout à coup la pendule, un antique accessoire de famille, en harmonie avec la console et les sièges Empire, sonna dix heures, et Mme Hulin se mit à rire doucement, en coupant de ses dents blanches le fil de sa broderie.

« Pourquoi riez-vous ? » demanda Régis avec cette perpétuelle inquiétude de l’homme en face