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Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/271

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IV

En quittant le train de la Grande Ceinture pour faire à pied, car on ne l’attendait pas, les deux ou trois kilomètres qui le séparaient de chez lui, du Bréau se trouva devant des chemins obscurs et un ciel sans nuages où le jour s’éteignait, tandis qu’à de longs intervalles des éclairs livides, déchirant l’horizon silencieux, signalaient la fin de l’orage. Dans sa hâte d’arriver, il avait pris la route morte, pleine d’ornières boueuses et d’herbes folles, encore ruisselantes. Ensuite il coupa court à travers des champs saccagés, ravinés, dont l’orage avait fait des paquets de goémon, mouillés et glissants. Soudain, au bout d’une terre de labour fraîchement moissonnée et pleine d’eau, où ses bottes flaquaient, s’embourbaient comme dans une mare, la longue cheminée de la raffinerie