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Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/370

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LA FÊTE DES TOITS

il n’y avait pas d’enfants, Noël guidé par ses kobolds passait vite sans se tromper ; mais quelquefois, au moment où il s’approchait d’elle les mains pleines, la cheminée chuchotait de sa bouche noire : « Il est mort, c’est inutile… Il n’y a plus de petits souliers dans la maison… Garde tes joujoux, mon petit roi. Ça ferait pleurer la mère de les voir… »

Longtemps, longtemps les petites lumières errèrent ainsi. Tout à coup un coq enroué chanta au fond du brouillard, un filet de jour blanc entr’ouvrit le ciel, et aussitôt toute la magie de Noël s’évanouit. La fête des toits était finie, celle des maisons commençait. Déjà, un bruit doux, ravissant, montait des cheminées, en même temps que la fumée des feux rallumés. C’étaient des cris de joie, des rires fous, des voix d’enfants qui criaient à leur tour : « Noël ! Noël ! vive Noël !… » pendant que sur les toits déserts le soleil, en se levant, un beau soleil d’hiver, factice et rose, faisait traîner ses premiers rayons qui ressemblaient, dans le scintillement de la neige, à des paillons, des nacres, des franges d’or, tombés des corbeilles du petit roi…