Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/205

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cet étranger tout à coup tombé dans leur vie, troublaient l’amant d’un soupçon nouveau. C’était peut-être un enfant à elle, élevé en nourrice ou chez sa belle-mère ; et la mort de Machaume apprise vers cette époque semblait une coïncidence pour justifier son tourment. Parfois, la nuit, quand il tenait cette petite main cramponnée à la sienne, – car l’enfant dans le vague du sommeil et du rêve croyait toujours la tendre à ménine, – il l’interrogeait de tout son trouble intérieur et inavoué : « D’où viens-tu ? Qui es-tu ? » espérant deviner, communiqué par la chaleur du petit être, le mystère de sa naissance.

Mais son inquiétude tomba, sur un mot du père Legrand qui venait demander qu’on l’aidât à payer un entourage à sa défunte et criait à sa fille en apercevant la berce de Josaph :

— Tiens ! un gosse !… tu dois être contente !… Toi qui n’as jamais pu en décrocher un.

Gaussin fut si heureux, qu’il paya l’entourage, sans demander à voir les devis, et retint le père Legrand à déjeuner.