Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/277

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lumineuse, et d’un parfum de violettes perdues.

— Comme il fait bon !… dit-elle, alanguie sur son épaule et cherchant la place d’un baiser dans son cou.

Il se recula un peu, lui prit la main. Alors, devant l’expression subitement durcie de son visage, elle s’effraya :

— Quoi donc ? Qu’y a-t-il ?

— Une mauvaise nouvelle, ma pauvre amie… Hédouin, tu sais, celui qui est parti à ma place…

Il parlait péniblement, avec une voix rauque dont le son l’étonnait lui-même, mais qui se raffermissait vers la fin de l’histoire préparée d’avance… Hédouin tombé malade en arrivant à son poste, et lui, désigné d’office pour aller le remplacer. Il avait trouvé cela plus facile à dire, moins cruel que la vérité. Elle l’écouta jusqu’au bout sans l’interrompre, la face d’une pâleur grise, l’œil fixe.

— Quand pars-tu ? demanda-t-elle, en retirant sa main.

— Mais ce soir… cette nuit…

Et la voix fausse et dolente, il ajouta :

— Je compte passer vingt-quatre heures à Castelet, puis m’embarquer à Marseille…