Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/281

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dans la boue restée à ce creux de vallon, elle le forçait à reprendre sa place, et devant lui, dans ses jambes, avec le souffle de ses lèvres, la voluptueuse étreinte de ses yeux, et des caresses enfantines, les mains à plat sur cette figure qui se raidissait, les doigts dans ses cheveux, dans sa bouche, elle essayait de tisonner les cendres froides de leur amour, lui redisait tout bas les délices passés, les réveils sans force, l’enlacement anéanti de leurs après-midi du dimanche. Tout cela n’était rien auprès de ce qu’elle lui donnerait encore ; elle savait d’autres baisers, d’autres ivresses, elle en inventerait pour lui…

Et pendant qu’elle lui chuchotait de ces mots comme les hommes en entendent à la porte des bouges, elle avait de grosses larmes ruisselant sur une expression d’agonie et de terreur, se débattait, criait d’une voix de rêve :

— Oh ! que ça ne soit pas… dis que ce n’est pas vrai que tu me quittes…

Et des sanglots encore, des gémissements, des appels au secours, comme si elle lui voyait un couteau dans les mains.