Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/288

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coin de wagon, guettant par la portière les fenêtres allumées de la maisonnette, une forme blanche contre la barrière…

— Adieu ! adieu !…

Et ce cri rassurait la terreur silencieuse qu’il venait d’avoir à ce tournant des rails, en apercevant sa maîtresse à la place occupée par son rêve de mort.

La tête dehors, il voyait fuir et diminuer et rouler dans le pelotonnement des terrains leur petit pavillon, dont la lueur n’était plus qu’une étoile égarée. Tout à coup il sentit une joie, un soulagement énormes. Comme on respirait, que c’était beau toute cette vallée de Meudon et ces grands coteaux noirs dégageant au loin un triangle étincelant d’innombrables lumières, égrenées vers la Seine en cordons réguliers ! Irène l’attendait là, et il allait à elle de toute la vitesse du train, de tout son désir d’amoureux, de tout son élan vers l’honnête et jeune vie…

Paris !… Il arrêtait une voiture pour se faire conduire place Vendôme. Mais, sous le gaz, il aperçut ses vêtements, ses souliers couverts de boue, une boue lourde, épaisse, tout son passé qui le tenait encore pesamment et salement. «