Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/87

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propre autour d’eux. Quelque chose de sinistre et de bas venait d’entrer dans leur vie ; et, ce soir-là, oubliant leurs répugnances anciennes, ils allèrent coucher à l’hôtel.

Le sacrifice de Fanny ne devait servir à rien. De ces lettres disparues, brûlées, des phrases entières retenues par cœur hantaient la mémoire de l’amoureux, lui montaient au visage en coups de sang comme certains passages de mauvais livres. Et ces anciens amants de sa maîtresse étaient presque tous des hommes célèbres. Les morts se survivaient ; les vivants, on voyait leurs portraits et leurs noms partout, on parlait d’eux devant lui, et chaque fois il éprouvait une gêne, comme d’un lien de famille douloureusement rompu.

Le mal lui affinant l’esprit et les yeux, il arrivait bientôt à retrouver chez Fanny la trace des influences premières, et les mots, les idées, les habitudes qu’elle en avait gardés. cette façon d’avancer le pouce comme pour façonner, pétrir l’objet dont elle parlait avec un « Tu vois ça d’ici… » appartenait au