Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/208

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des Gasconnes et des mulâtresses, coiffes conventuelles des Bretonnes, énorme et léger papillon noir des Alsaciennes, aristocratique hennin des filles d’Arles, et les hauts bonnets du pays de Caux, ajourés comme des flèches de cathédrales, et, fichées dans des chignons sauvages, les grandes épingles à boules d’or des Béarnaises.

L’air est doux, les parterres embaument, une odeur de résine et de miel tombe des bourgeons de marronniers. Là-bas, près du bassin, la musique militaire attaque une valse. Nounou s’agite, Bébé piaille, tandis que le petit soldat en promenade devient rouge comme son pompon devant cette haie de payses qu’il trouve considérablement embellies.

Cela, c’est la nourrice de promenade et de parade, costumée et métamorphosée par l’orgueil des parents et six mois de séjour à Paris. Mais pour voir la vraie nounou, pour bien la connaître, il faut la surprendre à l’arrivée, dans un de ces établissements étranges qu’on nomme bureaux de placement et où se fait, à l’usage des bébés pari-