Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/270

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familiarité entre les bêtes et les gens, le même isolement d’un petit groupe d’êtres au milieu d’une immense étendue ; de plus, les portes sont basses, les fenêtres étroites, nulles même sur les murs regardant la mer. On sent bien la misère en lutte contre les éléments ennemis.

Les femmes moissonnent avec fatigue, s’occupent des bestiaux ; les hommes pêchent dans le danger. En ce moment tous sont à la mer, à part un vieux, grelottant de fièvre, que nous voyons assis devant sa roue de cordier, puis le meunier étranger à l’île et que la commune paye au mois, et enfin M. le curé, le plus haut personnage de l’île de Houat et sa véritable originalité. Ici le prêtre réunit tous les pouvoirs, absolument comme un capitaine à son bord. À son autorité sacerdotale il ajoute celle de ses fonctions administratives. Il est maire-adjoint dans le village, syndic des gens de mer ; il a aussi la surveillance des ouvrages militaires, forts ou fortins, construits dans l’île, et qui, en temps de paix, sont dépourvus de gardien. Qu’une contestation s’élève entre