Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/56

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marge de son œuvre, j’y prenais — je l’avoue — beaucoup de plaisir. Aujourd’hui mon agrément est moindre. D’abord l’idée a perdu de sa saveur, utilisée par plusieurs de mes confrères, et non des moins illustres ; puis l’envahissement toujours montant du grand et du petit reportage, le tumulte et la poussière qu’il soulève autour de la pièce ou du livre, sous forme de détails anecdotiques qu’un écrivain qui n’est ni pontife, ni grognon se laisse volontiers arracher. Et voilà ma besogne autohistorique devenue plus difficile ; on m’a éculé des chaussures fines que je me réservais de ne porter que de loin en loin.

Il est bien certain, par exemple, que tout ce qu’ont écrit les journaux, il y a quelques mois, à propos de la comédie tirée de Numa Roumestan et jouée à l’Odéon, cette curiosité et cette réclame ne m’ont guère rien laissé d’intéressant à dire pour l’histoire de mon livre et m’ont mis en danger de rabâchage. En tout cas cela m’a aidé à détruire une bonne fois la légende, propagée par des gens qui n’y croyaient pas eux-mêmes, de