Page:Daudet - Tartarin sur les Alpes, 1901.djvu/92

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pied, puis revint presque tout de suite, la figure bouleversée… De plus en plus fort !… le chamois buvait du vin chaud.

On lui devait bien cela, à la pauvre bête, après la course folle qu’elle avait fournie dans la montagne, tout le temps relancée ou rappelée par son maître qui, d’ordinaire, se contentait de la faire évoluer dans la salle pour montrer aux voyageurs comme elle était d’un facile dressage.

« C’est écrasant ! » dit Bravida, n’essayant plus de comprendre, tandis que Tartarin enfonçait le passe-montagne en casque à mèche sur ses yeux pour cacher aux délégués la douce hilarité qui le gagnait en rencontrant à chaque étape, avec ses trucs et ses comparses, la Suisse rassurante de Bompard.


X


l’ascension de la jungfrau. — vé, les bœufs. — les crampons kennedy ne marchent pas, la lampe à chalumeau non plus. — apparition d’hommes masqués au chalet du club alpin. — le président dans la crevasse. — il y laisse ses lunettes. — sur les cimes. — tartarin devenu dieu.


Grande affluence, ce matin-là, à l’hôtel Bellevue sur la Petite Scheideck. Malgré la pluie et les rafales, on avait dressé les tables dehors, à l’abri de la véranda, parmi tout un étalage d’alpenstocks, gourdes, longues-vues, coucous en bois sculpté, et les touristes pouvaient en déjeunant contempler, à gauche, à quelque deux mille mètres de profondeur, l’admi-