Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/222

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franqueyrol.

Heureusement que je me suis souvenu d’un certain dîner du jeudi dont on me parlait beaucoup dans les lettres, sans quoi je serais encore à courir.

madame jourdeuil.

Vraiment, je ne sais pas pourquoi Henri s’obstine à garder ce Namoun ; il ne veut rien faire, il n’est bon à rien, il reste couché tout le jour. Avec cela, un charabia.

franqueyrol.

Ah oui, le sabir… bono… macach bono, bezeff.

louise.

Tiens ! vous le savez.

franqueyrol.

Ce n’est pas difficile. Depuis la conquête de l’Algérie, toutes les cuisinières parlent cette langue-là.

louise, naïvement.

Les cuisinières ?… pourquoi ?

franqueyrol.

Oh ! parce que… parce que… pour rien, au fait. (À part.) Tu es bête, Franqueyrol.

madame jourdeuil.

Enfin, ce drôle-là n’a rien pour lui… il est gourmand, sournois, et mauvais, ah !…

louise.

Mais non, maman, c’est une idée… Namoun n’est pas méchant… Parce qu’une fois tu lui as vu faire