Page:Daudet - Trente ans de Paris, Flammarion, 1889.djvu/17

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plaques de fonte, une gigantesque voûte de verre, inondée de lumière, des portes qui claquent, des chariots à bagages qui roulent, une foule inquiète, affairée, des employés de la douane, — Paris !

Mon frère m’attendait sur le perron. Garçon pratique malgré sa jeunesse, pénétré du sentiment de ses devoirs d’aîné, il s’était pourvu d’une charrette à bras, et d’un commissionnaire.

— Nous allons charger ton bagage.

Il était joli, le bagage ! Une pauvre petite mallette garnie de clous, avec des rapiéçures, et pesant plus que son contenu. Nous nous mîmes en route vers le quartier latin le long des quais déserts, par les rues endormies, marchant derrière notre charreton que poussait le commissionnaire. Il faisait à peine jour ; nous rencontrions seulement des ouvriers aux figures bleuies par le froid ou des porteurs de journaux en train de glisser adroitement sous les portes des maisons les feuilles du matin. Les becs de gaz s’éteignaient ; les rues, la Seine et ses ponts, tout m’appa-