Page:Daudet - Trente ans de Paris, Flammarion, 1889.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

murs blancs et nus, avec ses portemanteaux plantés dans le crépi, le comptoir chargé de serviettes enfilées dans des ronds, les tables de marbre, sans nappes, mais reluisantes de propreté ; des verres, des salières et de tout petits carafons remplis d’un vin où il n’y avait pas trace de jus de raisin, mais qui me parut excellent tel quel, se trouvaient déjà en place.

Trois de café ! commanda de sa propre autorité le garçon en nous voyant. Comme à cette heure matinale il n’y avait personne d’autre que lui dans la salle et à la cuisine, il se répondit « boum ! » à lui-même, et nous apporta « trois de café », c’est-à-dire pour trois sous d’un café savoureux, balsamique, raisonnablement édulcoré, qui disparut bien vite en même temps que deux petits pains servis dans une corbeille en tresse.

Nous commandâmes ensuite une omelette ; car pour une côtelette il était encore trop tôt.

— Une omelette pour deux, boum ! mugit le garçon.

— Bien cuite ! cria mon frère.