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Page:Daudet - Trente ans de Paris, Flammarion, 1889.djvu/326

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rais-tu de faire mourir Sidonie ?… Si je laissais vivre Risler ?… Que doit dire Delobelle ou Frantz ou Claire en telle circonstance ? »


Cela du matin au soir, à toutes les minutes, aux repas, en voiture, en allant au théâtre, en revenant de soirée, pendant ces longues courses de fiacre qui traversent le silence et le sommeil de Paris. Ah ! pauvres femmes d’artistes ! Il est vrai que la mienne est tellement artiste elle-même, elle a pris une telle part à tout ce que j’ai écrit ! Pas une page qu’elle n’ait revue, retouchée, où elle n’ait jeté un peu de sa belle poudre azur et or. Et si modeste, si simple, si peu femme de lettres. J’avais exprimé un jour tout cela, et le témoignage d’une tendre collaboration infatigable, dans la dédicace du Nabab ; ma femme n’a pas permis que cette dédicace parût, et je l’ai conservée seulement sur une dizaine d’exemplaires d’amis, très rares