Page:Daudet - Trente ans de Paris, Flammarion, 1889.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la popularité, cette première communication du lecteur avec l’auteur.

Le livre était pour l’éditeur Charpentier, installant alors quai du Louvre, dans un gai logis plein de soleil, ce charmant et amical intérieur, devenu un véritable rendez-vous de lettres. C’est en sortant de chez lui, après une soirée d’arrière-saison, vers le mois de mai, que j’eus devant la Seine moirée de réverbères, parmi les alignements de fleurs du marché du lendemain, la vision très nette de la mort de Désirée Delobelle.

Le succès en librairie m’étonna beaucoup. Accepté jusque-là dans un petit groupe artistique, je n’avais jamais songé à la grande publicité, et je me rappelle mon heureuse surprise à l’annonce d’une seconde édition quand, quelques jours après l’apparition de mon livre, je venais en tremblant m’informer de sa fortune.

Bientôt les tirages se succédèrent, puis ce furent des demandes de traduction pour l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, la Suède, le Danemark ; l’Angleterre y vint aussi, mais tardivement. C’est le pays où j’ai été le plus