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Page:Daudet - Trente ans de Paris, Flammarion, 1889.djvu/334

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lent à pénétrer, avec un goût des choses intimes qui, là mieux qu’ailleurs, semblait-il, aurait dû plaire.


Un détail pour finir.

Nous avions en ce temps chez Gustave Flaubert des réunions du dimanche qui ont fait peu à peu, d’un petit groupe d’écrivains unis dans le respect et la passion des lettres, un groupe de vrais amis. C’était rue Murillo, dans une suite de petites pièces donnant sur les massifs soignés, les fausses ruines du parc Monceau. Là dedans un silence d’hôtel particulier ouvert sur un parc, et une liberté de causerie artistique qui m’a procuré de fines jouissances. Toujours entre nous quatre, quelquefois cinq, quand Tourguéneff n’avait pas la goutte, un dîner qui s’appelait crânement « le dîner des auteurs sifflés » nous réunissait chaque mois, où l’on maudissait l’indifférence des temps pour la littérature, l’effarement du public à toute révélation nouvelle. Le fait est qu’aucun de nous