Page:Daudet - Trois Souvenirs, 1896.djvu/37

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tout l’équipage du reste, obligés de se blottir sous les blindages faits de mauvaise terre, de la terre hachée depuis deux mois par les obus, friable, sans consistance, et où les coups de casemate étaient fréquents.

Un soir, dans le réduit blindé qui lui servait de cabine, le commandant du fort voyait entrer le capitaine de frégate de L…, nouvellement arrivé à bord — comme on disait — pour remplacer le chef d’une compagnie de canonniers, qui avait eu l’épaule emportée par un obus.

« Mon commandant, dit l’officier avec une pauvre bouche blêmie, contracturée, qui mâchait les mots rageusement