Page:Daudet - Trois Souvenirs, 1896.djvu/47

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dait s’il aurait le courage de vivre jusqu’à la fin, lorsqu’une nuit de janvier, le 26, à minuit sonnant, tous les forts de ceinture et de banlieue, ces lourdes galiotes de pierre embossées à nos portes et dont les batteries tiraient sans interruption depuis trois mois, tous les forts, redoutes, secteurs, après une dernière et formidable bordée qui enveloppa la ville d’une écharpe de flamme rouge et blanche, se turent subitement : Paris était vaincu.

Trois jours après, le matin de l’évacuation des forts, par une brume dorée et tiède où se devinait un printemps adorable, pressé de nous faire