Page:Daudet - Trois Souvenirs, 1896.djvu/48

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oublier le glacial et sinistre hiver du siège, l’équipage de Montrouge, assemblé par compagnies, l’appel et les sacs faits, les fusils en faisceaux, attendait dans les cours les sonneries du départ. Après la nuit des casemates, cela semblait bon, ce soleil roux, cette brise fraîche et tout ce plein air où l’on pouvait s’espacer sans recevoir des morceaux de chaudron sur la tête. Des moineaux, sortis de leurs trous, piquaient le brouillard de petits cris. Malgré tout, quelque chose serrait le cœur de nos mathurins, leur étreignait la gorge à l’aise cependant sous les larges cols bleus, et dans ce grand silence, si