Page:Daudet - Trois Souvenirs, 1896.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mon histoire est écoutée poliment, mais comme une invention de romancier, parmi les sourires de la table. Le café pris, les pipes éteintes, le chef de clinique de Charcot me propose une promenade au quartier des folles. Dans la grande cour où pique un beau temps d’hiver, clair et froid, le soleil chauffe de pauvres démentes en waterproof, accroupies sur le pas des portes, isolées, silencieuses, sans aucune vie de relation ; chacune cloîtrée dans son idée fixe, invisible prison dont ces têtes malades heurtent les parois choquées à tout coup. À part cela, aucun signe extérieur de malaise, un