Page:Daumal - La Grande beuverie, 1939.djvu/119

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où ils vivent, ils ne parlent guère ; ils la souffrent ou en profitent car « autrement, disent-ils, nous deviendrions des politiciens ». De la société humaine adulte et normale, ils ne se soucient pas, car il faudrait la faire pour la connaître et seule la « vérité pure » les intéresse.

D’autres, les philophasistes, étudient les langages des pays étrangers et des époques passées, sans être capables de parler ni même d’écrire efficacement leur propre langue. Car la langue, il faut la faire ; or, ils prétendent être de « purs savants » et non pas des artisans.

D’autres dissertent sur les objets inutiles et leur nom ressemble à un éternuement. Les Esthétchiens discourent avec peine sur les productions des autres ; eux-mêmes ne créent rien, car ils vivent dans le domaine de la « connaissance pure ».