Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/128

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— Non. Mon frère, restera ici. Il gâterait tout par sa présence. On le tuerait même, peut-être.

— Tu n’es pas sérieux, Kinætenon. Toi, si réservé, si silencieux, timide même, tu n’irais pas jusqu’au bout de ce rôle difficile.

— Pour toi et ta sœur, je le ferai pourtant. À la condition que tu m’attendes ici, bien entendu.

— Je consens, Kinætenon, soupira Charlot. Je vais t’obéir. Va vite, reviens plus vite encore. »

Demeuré seul, Charlot se prit à réfléchir. « Hé ! les événements ne s’annonçaient guère rassurants. Kinætenon avait raison. Bientôt, sa vie ne pèserait pas lourd dans la bourgade… Il fallait user d’une prudence extrême… ruser souvent… Et le Père Jogues, qui le préviendrait ? On s’acharnerait avec quelle joie féroce sur lui, dès son retour… Ces Iroquois, quelle nation belliqueuse, peu sûre… Comment se pouvait-il que Kinætenon et Kiotsæton, le vaillant capitaine, y appartinssent tous deux ?… »

Tout à coup, Charlot perçut, non loin de lui, un léger bruit. Il feignit de dormir, le corps plié en deux, comme quelqu’un que le sommeil saisit inopinément. Une main souleva un coin de la tente. Une autre introduisit par cette ouverture un objet assez lourd et le glissa lentement tout près de Charlot, toujours immobile. Puis, les deux mains disparurent. Tout redevint silencieux. Charlot ouvrit les