Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/132

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lança à son secours. Il lui arracha son bandeau d’abord, puis le questionna avidement. Le sorcier, surpris par la rapidité des gestes de Kinaetenon, d’ordinaire si lent à remuer et à agir, était resté bouche bée ; la masse des Iroquois, de même. Mais lorsque le sorcier vit Kinaetenon en train de délier tranquillement Charlot, il se mit à crier et à injurier les deux amis et fut bientôt suivi par tous les Iroquois dans ces véhémentes protestations.

Kiotsaeton leva alors ses bras avec une royale autorité ! Depuis son arrivée sur le terrain du conflit, il s’était contenté d’observer, se faisant néanmoins apporter près de lui le malheureux coffret du missionnaire.

« Mes frères, prononça lentement Kiotsaeton de sa voix profonde et riche, vous vous hâtez trop de condamner un de notre tribu, par adoption… Nous devons l’interroger avant de le juger, de le condamner… de le…

— Un traître n’a pas droit à ces égards, cria le sorcier, interrompant Kiotsaeton.

— Non, non, non, crièrent tous les Iroquois.

— Mes frères refusent alors de laisser venir ici, à l’instant, trois de leurs anciens capitaines. Nous rendrions justice, vite, en cette cause, eux et moi.

— Pourquoi toutes ces lenteurs ? répliqua férocement le sorcier. Les songes que j’ai expliqués tout à l’heure sous ma tente, mes jongleries savantes, tout nous affirme que ce