Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/36

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— Et tu l’es ?

— Il y a de l’espoir. Vous êtes mon modèle. »

Normanville resta un moment interloqué. En fait de riposte, il était bien servi. Et puis, c’est qu’il ne raillait pas, ce fougueux enfant. L’interprète en ressentit de l’ennui. Cette admiration n’allait guère à son être modeste et simple. Mais comment le reprocher à Charlot ?… Et, à quoi bon ?… Il est si doux, si stimulant aussi, dans la jeunesse, de croire absolument en quelqu’un. La désillusion vient toujours assez tôt. Bah ! qu’il eût été courageux à l’excès, une heure, un jour, peut-être le lendemain il était redevenu faillible, sans auréole, un pauvre humain rivé à son humble tâche quotidienne… Oui, les yeux de Charlot se dessilleraient assez vite, patience !

Au bout de quelques instants de silence, Charlot qui se promenait et regardait curieusement, ici et là, revint s’appuyer à la table où s’affairait l’interprète.

« C’est égal, M. de Normanville, malgré ma bravoure, je tremble devant mon commandant. Mais aussi, il est si sévère pour moi, M. de la Poterie.

— C’est pour compenser notre faiblesse à ton égard, petit fou.

— Mais… mais que faites-vous là, grand ami, s’écria soudain Charlot. Il suivait l’interprète