Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/69

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Tous applaudirent discrètement, tandis que le procureur prenait sa place, à gauche du gouverneur, auprès du Père Jogues, qui souriait doucement à tous, dissimulant comme à l’ordinaire, ses pauvres mains mutilées et glorieuses.

La sympathie, la considération entouraient depuis longtemps le colon distingué qu’était Jean Bourdon. De quelles activités incessantes, les plus diverses, ne faisait-il pas montre sans cesse ? Tour à tour explorateur, architecte, ingénieur, arpenteur, procureur général, il déployait en chacune de ses attributions, les ressources d’un homme instruit dont le jugement est sage, mesuré, prévoyant.

Le commandant La Poterie, depuis quelques instants, rangeait, tout en les parcourant des yeux, plusieurs documents et nombre de proclamations signées et paraphées. Il échangeait en même temps, à voix basse, quelques remarques avec son ordonnance. Dès que la réplique de Jean Bourdon fut donnée, et, comme on l’a vu, agréablement reçue, le commandant se leva vivement.

« Votre Excellence, dit-il, devrait déjà s’être retirée pour prendre quelque repos, son voyage s’est accompli, n’est-ce pas, par un temps si défavorable. Cependant, me permettra-t-elle, auparavant, de remettre entre ses mains, pour examen, l’ébauche du programme