Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/88

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vu, de mes yeux vu, ce spectacle décevant. » Et Perrine se mit à rire doucement.

Un silence suivit cette déclaration. On entendait les aboiements du danois se rapprocher de plus en plus. Les appels gutturaux d’un sauvage se mêlaient aux démonstrations bruyantes du chien.

— Perrine, dit soudain Charlot, avec hésitation, pourquoi parles-tu avec hostilité de Kinætenon… oui, oui, je dis bien, avec hostilité ? Si tu savais comme il fut bon pour ton frère durant sa captivité chez eux.

— Quel mot dur tu prononces là, Charlot : hostilité, dit sans lever les yeux, Perrine, un peu confuse au fond.

— Pourquoi alors es-tu mal disposée envers Kinætenon ? Je te vois rarement injuste, ma petite sœur. As-tu quelques raisons ?

— Charlot, c’est que… non… non, je ne puis te le dire… » La tête de la jeune fille se baissait de plus en plus sur son ouvrage.

— Au fait, si tu ne veux pas parler, à ton aise », fit le blessé, légèrement vexé. Il s’agita un peu. Perrine s’alarma. Elle se pencha avec affection sur son frère.

— Charlot, voici, mon frère aimé… Ne pourrais-tu… prier Kinætenon de… de me regarder moins fixement dès qu’il se trouve en ma présence ? Aussi, si tu lui demandais, mais là, bien gentiment de ne pas me suivre, lorsque je fais le moindre pas en dehors du fort ?