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Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/99

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de me tenir en laisse comme,… comme un caniche, ou le caniche deviendra loup féroce… »

Charlot partait une heure plus tard, souriant, satisfait, maintenant à deux mains, au fond du canot, son chien Feu, qui ne goûtait pas du tout ce voyage par eau, et sans Perrine. Il aboyait sourdement, la tête tournée vers la jeune fille ; celle-ci agita longtemps vers les excursionnistes son fin mouchoir, trempé de larmes.

Trente-six milles seulement séparaient les Trois-Rivières du Fort Richelieu. Un excellent vent fit que Charlot et ses compagnons abordèrent à cet endroit deux jours plus tard. Ils furent accueillis avec des cris de joie par la maigre garnison qu’on maintenait encore sur les premières rives de la Rivière des Iroquois.[1] La Crapaudière lut avec un sourire le mot inquiet de Perrine. Il secoua légèrement le bras de Charlot et lui dit un riant : « Es-tu chanceux, mon fringant petit troupier ! Tu intéresses et bouleverses déjà le cœur des femmes… ta jolie sœur me prie avec quels mots tendres et touchants de veiller sur toi, sur tes décisions imprévues, sur tes fugues trop peu soucieuses du danger.

— Vous l’approuvez, capitaine ? Peuh ! fit-il avec dédain. Un soldat sans audace, sans fou-

  1. Aujourd’hui la rivière Richelieu.