Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/85

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et pendant deux jours, reviens chercher ta petite portion d’eau de vie… Tiens, voilà la première ration… Non, non, ne bois pas ici. Enfonce-toi, dans le bois, à gauche de cette tente. Chut… ! Ou marche en face d’ici… Ah ! ce sont les pleureuses. Regarde-les entrer sous ta tente. Bien. Ah ! miséricorde ! quels cris lugubres, on y pousse déjà !

— Mon petit enfant est mort !… Mort ! souffla tout bas le sauvage, en portant une main crispée à son cœur. Puis, farouchement, il saisit la bouteille que Kinaetenon lui tendait et s’enfonça en courant dans les bois que lui avait désigné celui-ci.

Il venait à peine de disparaître qu’une femme sauvage entrait à son tour. « Kinaetenon, dit-elle, veille bien sur ton protégé. Ton oncle vient d’apprendre tout ce qui s’est passé sous la tente de ta sœur. Il est furieux. Il parle de venger la mort du petit enfant que l’Algonquine et le Français ont fait mourir à force de mauvais traitements. Je ne crois rien de tout cela, moi. Il est si bon, si doux, quoique brave comme un lion, ce visage pâle que tu aimes. Tiens, Kiné, prends ces feuilles de cèdre. Elles sont pleines d’huile. Applique-les sur les plaies de ton ami blanc. Il sera bientôt guéri. Et de tout son mal tu verras… Tu verras… Je me sauve,