Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/84

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après-demain, je reviendrai te demander ma liqueur de feu ? Tu ne me tromperas pas ? Tu en auras durant ces deux jours.

— Oui. Ton silence saura la mériter, ou sinon…

— Bien. Cède-moi vite, alors cette portion, pour ce soir. Je serai muet. Je serai ton ami même. Veux-tu mon aide pour l’évasion… ?

— Silence ! » cria Kiné. Puis il baissa le ton, avec un regard inquiet vers Charlot. « Tu es fou, la victime de ta femme n’est en état d’entreprendre aucun voyage dans les bois. Une évasion, allons donc ! Il en mourrait.

— Bah ! j’ai vu de nos frères être battus autant que celui-ci, et quelques heures plus tard, se relever tant bien que mal.

— Tu as vu cela, toi ? demanda non sans surprise Kiné, qui était d’une décade plus jeune que son beau-frère. Son front s’éclairait un peu.

— Si je l’ai vu ? Ah ! ah ! ah ! C’est de moi que je parle, Kiné ! Tiens, regarde, ce bras, cette jambe, ma poitrine, ces quelques cicatrices témoignent, hein ? Je n’ai pas été bien soigné, moi, alors la peau en a souffert, ici et là… Ça ne se recollait plus.

— C’est bien. Assez causé, maintenant. Va-t-en, garde le silence tel qu’il est convenu,