Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/101

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qui aborde ?…

— Ciel ! gémit la jeune fille.

— Comment, comment, vous ne reconnaissez pas nos amis hurons et algonquins ? C’est mal… Lis-en-Fleur, demeurez ici un instant… Je cours au-devant de nos libérateurs.

Après un cri de joie et une forte pression du bras de Charlot, la jeune fille se laissa tomber sur le sol en levant vers le ciel un long regard de gratitude.

Quelques instants plus tard, tous étaient assis en rond près de la jeune fille. L’Algonquin raconta que trois Hurons chasseurs avaient bien voulu le conduire jusqu’ici, afin de lui faire gagner un peu de temps. Car il se dirigeait, avec toutes les précautions imaginables, vers Ossernenon, dans l’intention d’y reprendre son frère, captif des Iroquois. Il l’en ramènerait ou y laisserait sa peau…

À cet instant, l’Algonquine poussa un sourd gémissement.

Le narrateur se retourna avec surprise vers elle.

« Ma sœur souffre ? dit-il. »

— Non, non, reprit vivement la jeune fille. Mais… oh ! je ne saurais le dire, moi… Ô douleur… Mon frère français saura mieux que moi adoucir le chagrin de la triste nouvelle… Parlez, mon frère Charlot, de grâce…

— Mais qu’y a-t-il, qu’y a-t-il donc, demanda avec un peu de crainte au fond des yeux le pauvre Algonquin surpris de cette incohérence.

Un silence tomba entre eux durant quelques