Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/103

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« Notre grand Manitou en a ainsi décidé, dit-il. Mon frère n’est plus… Paix, paix à son âme qui s’en est allée rejoindre celle de nos ancêtres, finit-il à voix basse et en étendant les deux bras.

« Il est mort en brave, ajouta lentement Charlot, confondant ses bourreaux par son impassibilité. Mais… surtout, il s’en est allé en chrétien… baptisé quelques heures avant son supplice… »

De nouveau l’Algonquine pressa avec affection la main du pauvre sauvage. Une larme venait de tomber sur les petits doigts blancs de la jeune fille. Mais ce fut tout. L’Algonquin se leva et vint prendre à quelques pas un lourd paquet. Il le déposa aux pieds de l’Algonquine.

« Ma sœur va prendre pour en faire ce qu’elle voudra tout ce que je destinais à mon frère. Des vêtements, des provisions, des armes. Elle est de ma race, d’abord ; puis elle se montre aussi compatissante que fière. »

— Merci, oh ! merci, frère de mes frères, que cela arrive à point…

Les Hurons se concertaient entre eux durant cette scène. L’un d’eux s’exprimait avec assez de véhémence et montra plusieurs fois,